Les justifications théoriques des échanges internationaux

L’échange international se justifie par l’intérêt qu’y trouvent les coéchangistes, et évolue constamment tout comme la DIT.  

On peut expliquer sur quoi se fondent les échanges internationaux de 2 manières : 

  • L’échange international s’explique par la complémentarité des économies et la logique de spécialisation ce qui fait naître un commerce inter-branches (Cf. fiche auteur :RICARDO, fiche auteur : théorème HOS).
  • L’échange international repose également sur une logique de similitude des économies telle qu’on la retrouve dans le commerce intra-branche (Cf. fiche auteur :KRUGMAN). 

Ils constituent des éléments explicatifs de décision économique en matière d’échanges internationaux. 

Les thèses expliquant le commerce inter-branches : 

Il y a toujours eu des échanges de biens entre les pays pour se procurer les biens dont on ne disposait pas sur le territoire (les épices, la soie par exemple). Actuellement, les réserves françaises de pétrole ne permettent pas de satisfaire les besoins des consommateurs et des entreprises françaises, la France doit donc en importer. Dans ce cas les produits échangés au niveau international appartiennent à des branches différentes. Il s’agit d’échanges de produits différents entre pays différents. 

Dès la Révolution Industrielle du XVIIIsiècle, des auteurs britanniques (libéraux) ont cherché à montrer l’intérêt de chaque nation à participer aux échanges intemationaux. 

David RICARDO : la loi des coûts comparatifs ou théorie des avantages comparatifs 

Cet Anglais du début du 19ème a prolongé la théorie des avantages absolus de Smith. Dans son ouvrage « Principes de l’économie politique et de l’impôt », paru en 1817, D. Ricardo prend l’exemple simplifié d’un monde où il y aurait 2 pays (l’Angleterre et le Portugal) qui ne produiraient que deux biens (du drap et du vin) donc n’auraient que 2 branches de production, à partir d’un seul facteur de production : le travail. 

Thèse de la loi des coûts comparatifs de Ricardo :

Chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la branche de production pour lequel il a le plus grand avantage comparatif (ou le désavantage le moins grand). Il vaut mieux qu’il consacre toutes ses ressources à produire le bien sur lequel il a la supériorité relative la plus forte, il pourra ainsi importer les autres biens à plus bas prix que s’il les avait lui-même produits. Il les paiera avec les devises tirées des exportations. 

Conséquence : Grâce à l’échange international, les nations obtiennent une quantité de bien plus importante. Toutes les nations gagnent à échanger (gain mutuel à l’échange) : les produits sont plus variés, moins coûteux. Le commerce extérieur crée de la croissance et accroît le niveau du bien-être. 

Le Théorème HOS : les dotations en facteurs de production 

La théorie ricardienne montre que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle il dispose du plus grand avantage comparatif (coût comparatif le plus bas) ou du plus faible désavantage comparatif, mais n’en explique pas I ‘origine. 

Thèse :

Pour les économistes suédois, Heckscher (1919), Ohlin (1930), et Samuelson (1950), c’est la différence des dotations en facteurs de production qui explique l’écart des coûts comparatifs. Ainsi, les différences de dotation en facteur Travail (la main d’œuvre), facteur Capital (les machines) et facteur Nature (les premières énergétiques…) poussent chaque pays à se spécialiser dans les produits dont la production nécessite essentiellement le facteur de production dont il dispose le plus (facteur abondant). 

Le Brésil illustre bien le modèle HOS puisque, richement doté en terres fertiles, il exporte des produits agricoles. La Chine a fondé sa croissance sur une main d’œuvre abondante et donc bon marché. 

La thèse expliquant le commerce intra-branches : La thèse de KRUGMAN 

Les théories traditionnelles du commerce international n’expliquent pas pourquoi l’essentiel des échanges commerciaux se fait entre pays assez semblables et porte sur des produits similaires (commerce intra-branches :produits à la même branche d’activité (par ex l’automobile entre France et et Allemagne).

Paul KRUGMAN observe que l’économie s’est mondialisée, que l’essentiel du commerce international concentre entre un petit nombre de pays qui s’échangent des produits souvent identiques. Pour lui, ce ne sont pas les pays qui commercent entre eux, mais les entreprises, et le plus souvent les FMN. 

Il invoque 2 raisons à ce commerce intra-branches (ou échanges croisés):

  • la différenciation des produits
  • les économies d’échelles

 La différenciation des produits 

Pourquoi des Américains achètent-ils des motos BMW allemandes et des Européens des Harley-Davidson américaines, pourquoi les Allemmds adorent les Renault alors que nous craquons pour les VW ? C’est parce que la concurrence est imparfaite. Dans cette situation de marché, de concurrence monopolistique, les entreprises différencient leur produit de ceux de leurs concurrents pour le rendre unique aux yeux des consommateurs et se trouver en situation de monopole sur ce produit.

Les consommateurs aiment la différence, souhaitent de la variété. Les firmes vont les satisfaire en fabriquant les mêmes types de produits mais en les différenciant le plus possible pour capter une plus large part de marché (différenciation par la marque, l’innovation… segmentation des marchés par clients) Ainsi, la différenciation des produits va donner lieu : 

  • à des échanges de produits d’une même qualité car les consommateurs désirent consommer des biens variés ; ainsi, par exemple, les Français vont acheter des vins chiliens
  • à des échanges de produits de qualité différente. Le pays dont le revenu moyen est le plus élevé va se spécialiser dans la production de qualité supérieure alors que celui dont le revenu moyen est plus faible va se spécialiser dans la production de qualité inférieure. Dans la branche automobile par exemple, l’Allemagne produit des voitures haut de gamme alors que la Chine produit des voitures plutôt entrée de gamme. 

Les économies d’échelle 

Les entreprises réalisent des économies d’échelle lorsqu’elles augmentent la quantité produite, ce qui fait baisser leur CPU (coût de production unitaire). Elles peuvent, en effet, répartir les frais fixes sur un plus grand nombre d’unités produites. 

Les firmes multinationales, les FMN vont produire en très grande quantité pour le marché mondial et ainsi d’économies d’échelle. Elles participent à la compétitivité des grandes nations où sont implantées leurs maisons mère (Boeing, Airbus).

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Un commerce mondial hiérarchisé, reflet de la DIT

Les flux mondiaux d’échange de biens et de services reflètent la division internationale du travail (DIT). On parle de DIT pour désigner le fait qu’au niveau du commerce international, les pays se sont spécialisés dans la production de certains biens (comme dans une entreprise les ouvriers sont spécialisés sur certaines tâches). La production des biens consommés sur la planète est donc répartie entre les pays. 

On peut constater une profonde évolution de la DIT, avec le passage d’une DIT dite traditionnelle à la DIT dite moderne.

L’ancienne DIT : les échanges Nord – Sud 

Pendant longtemps, les exportations des pays en développement (PED) étaient constituées de produits primaires (produits agricoles et des industries extractives). Au contraire, les exportations des pays développés étaient constituées de produits manufacturés (et de services). Il y avait donc un échange « NordSud », assez déséquilibré, le « Nord exploitant le « Sud ».

Au fur et à mesure du développement des techniques et des pays la DIT s’est transformée. De nombreux PED ont émergé. Ces pays produisent aussi des produits manufacturés. Certes, ces produits manufacturés nécessitent le plus souvent une main-d’œuvre abondante et peu rémunérée alors que les produits fabriqués dans les pays riches sont le plus souvent sophistiqués et nécessitent une main-d’œuvre plus qualifiée. Mais de plus en plus les Nouveaux Pays Industrialisés notamment asiatiques montent en gamme. La Corée du sud, la Chine… exportent des produits de plus en plus sophistiqués, dit « à haute Valeur Ajoutée ». Les pays développés doivent se redéployer vers des activités à haute technologie (biotechnologies, aéronautique, informatique, espace… ) et de services nécessitant une main-d’œuvre qualifiée. 

Cependant, certains pays (d’Afrique, du Moyen-Orient, de la CEI) restent spécialisés dans les produits primaires. Leurs ressources tirées de l’exportation dépendent des cours (très volatiles) de ces produits, ce qui les fragilise et entrave leur développement économique. 

Ainsi, même si les pays émergents partagent certaines productions avec les pays du nord, la DIT reste porteuse d’inégalités.

Cette nouvelle DIT accompagne la mondialisation. Elle s’est mise en place sous l’effet de la libéralisation des échanges et par l’action des FMN qui organisent et structurent leur activité au niveau mondial. Elles délocalisent certains morceaux ou segments de la chaîne de production afin de bénéficier à chaque étape de leur processus de production des avantages comparatifs de chaque pays (fabrication de l’iPhone). Ce qui aboutit à une DIPP (Division Internationale des Processus Productifs).

C’est pourquoi les échanges intra-FMN représentent environ 33% du commerce mondiale!