Les firmes multinationales, acteurs majeurs de la mondialisation
Les FMN sont des acteurs majeurs de la mondialisation actuelle et de la division internationale du processus productif (DPP).
Les investissements directs à l’étranger (IDE) reflètent les stratégies d’implantation de ces firmes.
Présentation des FMN (firmes multinationales)
- On définit habituellement la FMN comme une entreprise qui exerce un contrôle direct ou indirect sur d’autres entreprises situées dans d’autres pays que celui de son siège social.
- Les organismes internationaux (comme la CNUCED) estime qu’il y aurait actuellement plus de 80 000 firmes transnationales dans le monde avec au total près de 800 000 filiales à l’étranger (contre 7000 . la fin des années 60), employant plus de 70 millions de personnes à travers le monde.
- Les FMN viennent essentiellement des pays riches (les premières sont principalement américaines, puis européennes et japonaises).
Mais les multinationales issues des pays émergents et en transition prennent une part croissante. Parmi ces firmes, on compte par exemple, Cemex, (ciment Mexique), Infosys (géant indien de l’informatique), Ranbaxy (société pharmaceutique indienne), Tata (conglomérat indien : voitures, acier, informatique, thé qui a racheté notamment Jaguar et Land Rover à Ford en 2007), Huawei et Lénovo (spécialistes chinois de l’ électronique)…
- On les trouve certes dans l’énergie, les industries, mais aussi de plus en plus dans les services: tourisme, distribution, transports et finance.
Les FMN réalisent des investissements directs à l’étranger (IDE)
La notion d’IDE
Les investissements directs à l’étranger (IDE) concernent les opérations de création, rachat ou prise de participation dans le capital des entreprises étrangères dans le but d’en exercer le contrôle.
Nous rappelons, par exemple pour la France, qu’il y a des Investissements directs Étrangers faits par des entreprises étrangères en France et des Investissements Directs faits par des entreprises françaises à l’étranger.
Les IDE suivent une logique économique à long terme et ne doivent pas être confondus avec les investissements en portefeuille (IP), tels que l’achat de valeurs mobilières à la bourse pour les revendre rapidement et en tirer une plus-value. Les IP suivent une logique purement financière et à court terme.
La très forte croissance des IDE depuis les années 1980
La croissance des IDE est, avec la croissance du commerce international, un aspect majeur de la mondialisation des économies.
Les flux d’DE entrants ont atteint 1760 milliards de dollars en 2015 contre à peine 50 mds au début des années 80.
Les flux d’IDE sont cyclique: plus forts en période de croissance, mais réduits pendant les crises. Alors que le PIB mondial a été multiplié par 4,5 et les exportations par un peu plus de 7 entre 1982 et 2007, les flux d’DE ont eux été multipliés par plus de 30 dans le même temps.
Les IDE ont été brutalement réduits en 2009, du fait de la crise financière. L’évolution est plus erratique depuis, en 2015 les flux d’DE sont au plus haut niveau depuis la crise, mais ceci est principalement lié à la progression des opérations de fusions et acquisitions transfrontalières (surtout en Europe et Am. du Nord) et non à de nouveaux projets d’ investissements.
L’orientation des IDE
Plus de la moitié des IDE sont issus des pays développés. Mais 6 pays émergents (en particulier d’Asie), dont la Chine, sont à l’origine de près de 40 % des IDE sortants en 2013 contre 12% en 2000.
Les pays destinataires de ces IDE sont des pays développés (come les USA et les pays européens) mais aussi de plus en plus souvent des PED (ils ont reçus plus de 50% des DE en 2013 et en 2014), surtout ceux d’Asie (1 ère région d’accueil des DE) en particulier la Chine pays bénéficiaire en 2014 avec + de la moitié des IDE, et 3ème en 2015 derrière les USA et Hong Kong.
La France semble perdre de son attractivité notamment par rapport à ses partenaires européens (Allemagne et grande Bretagne malgré une amélioration en 2015 par rapport à 2014).
Globalement, les IDE vers les pays développés ont eu tendance a baissé depuis la crise financière au profit des PED qui ont moins soufferts de la crise. De plus depuis 10 ans, ils s’orientent de plus en plus vers les services (64% en 2014 contre 27% pour l’industrie).
Les motivations des FMN qui les poussent à réaliser des IDE ici plutôt que là :
Partons de l’exemple de Renault et comprenons pourquoi cette FMN a voulu investir (IDE) en Turquie (données de 2009).
Modèle-le plus vendu en France : les CLIO.
Origine Cli03 : 180 000 Turquie et 25 000 Espagne contre 125 000 de Flins (France)- Flins : on y produit des Cli03, des Clio 2. 2 900 salariés
Bursa (Turquie) : 5800 salariés, PO de Cli03, Mégane et Symbol.
Avantages comparatifs de la Turquie : un modèle vendu 14 000 € coûte 100/0 de plus (1400€) à produire en France (taxe professionnelle, charges sociales).
Si l’on généralise, on peut invoquer plusieurs raisons qui poussent les FMN à réaliser des IDE et à localiser leur activité dans différents pays d’accueil.
- La recherche de coûts de production unitaires plus faibles
L’ouverture des économies a exacerbé la concurrence entre les entreprises, les obligeant à rester compétitives. Les entreprises recherchent la faiblesse des coûts salariaux et aussi à minimiser le coût des matières premières (tout en s’assurant un meilleur approvisionnement), des impôts…
Notons cependant qu’en matière de production, elles cherchent aussi à accéder à des compétences (qualification, savoir-faire), des technologies etc.
- La recherche de nouveaux débouchés
En vue d’élargir leur clientèle et de pouvoir ainsi bénéficier d’économies d’échelle, les entreprises cherchent également à se positionner près de leurs marchés. Les flux d’IDE à destination des PED vont essentiellement en Chine, en Inde, au Brésil, au Mexique, c’est-à-dire des pays émergents où est en train de se former une classe moyenne dont les besoins de consommation sont grands.
- Les FMN cherchent aussi un climat favorable au développement de leurs activités
Les Firmes Multinationales sont soucieuses de la qualité de l’environnement local des affaires (infrastructures, d’éducation, de transport par exemple ports, aéroports, routes, réseau Internet, etc..) et cherchent à investir dans des pays où elles ne courent pas de risques économiques, politiques (stabilité.. .), sociaux…
Les FMN réalisent une Division Internationale des Processus Productifs (DIPP) (ou Fragmentation des processus de production)
Les FMN profitent de la baisse des coûts de transport et cherchent à bénéficier d’économies d’échelle. Elles rationalisent leur production, en fabriquant les éléments nécessaires à la production d’un bien dans différents pays. Celles-ci s’implantent ou sous-traitent pays d’accueil en fonction des avantages comparés qu’il procure pour chaque étape du processus de production.
Elles vont donc produire les différents segments d’un même produit dans des lieux différents en cherchant à optimiser la chaîne de valeur au niveau mondial.
Ce processus est d’autant plus poussé que le produit est décomposable ; c’est vrai pour les produits manufacturés : voitures, les ordinateurs, les téléphones portables, les ordinateurs, les avions, etc.
Par exemple, au niveau du secteur automobile européen, les moteurs peuvent être fabriqués en Allemagne, les vitrages en France, les boîtes de vitesse au Royaume-Uni et l’assemblage fait en Espagne.
Ce processus touche également le secteur des services depuis le début des années 1990, favorisé par la libéralisation du commerce international des services et la diffusion des techniques de l’information et de la communication (TIC). Certaines firmes transfèrent une partie de la production nationale de services dans des pays à bas coût (l’Inde notamment) suivi de sa réimportation sur le marché domestique.
Ainsi par exemple, les cabinets d’avocats installés en Angleterre et aux États-Unis commencent-ils à délocaliser certaines prestations en Inde comme la préparation des plaidoiries, la rédaction des écritures juridiques ou la réalisation d’études de marché. Les raisons invoquées tiennent au coût des salaires en moyenne cinq fois moins élevés qu’à New York par exemple ainsi qu’au coût de la location des bureaux estimé à quarante fois moins en Inde qu’à New York ; ces délocalisations sont rendues possibles par le fait que l’Inde forme des diplômés de haut niveau, anglophones de surcroît.
L’impact des décisions des firmes multinationales
Les FMN modifient la physionomie du commerce international.
Elles produisent des effets contrastés tant dans les pays d’accueil que dans les pays d’origine. Ce qui ne laisse pas indifférents les Etats qui cherchent à les attirer en rendant leur territoire attractif par des politiques appropriées.
Incidences des FMN sur le commerce mondial
Les deux tiers du commerce mondial sont assurés par les FMN, avec un tiers d’échanges extra-firmes (entre clients et fournisseurs qui ne dépendent pas de la même FMN) et un tiers d’échanges intra-firmes (entre filiales d’une même multinationale).
Un tiers du commerce mondial est donc réalisé au sein même des FMN, du fait du fractionnement de la chaîne de valeur (DIPP). Le même bien traverse plusieurs fois les frontières à plusieurs stades de sa fabrication, entraînant une hausse artificielle des échanges mondiaux. La segmentation et l’internationalisation des processus productifs multiplient les échanges de biens intermédiaires entre pays et donc gonflent artificiellement les échanges mondiaux.
Les effets contrastés des stratégies des FMN sur les économies nationales
Les FMN sont vecteurs de développement dans les pays d’accueil
- Les investissements réalisés par les FMN ont des effets directs (transferts de technologie, apport de capitaux stables, création d’ emplois et hausse directe du PB correspondant à la production réalisée sur place par la FMN).
- Les IDE provoquent des retombées économiques indirectes, alimentant un cercle vertueux de croissance économique.
- De nombreux pays émergents ont basé leur développement sur les capitaux étrangers ; c’est notamment le cas de la Chine et de l’Inde. Plus près de nous, l’Irlande a su attirer les capitaux étrangers, notamment américains, dans les secteurs de pointe (informatique).
L’avantage pour le pays d’ accueil peut donc être à la fois technologique, économique et social.
- Mais ces IDE entraînent une certaine dépendance des économies envers les firmes multinationales si elles délocalisent ailleurs : perte d’emplois, de financement et d’activité. Cela peut aussi contribuer à maintenir une spécialisation dans des secteurs à faible valeur ajoutée.
Les FMN peuvent être à l’origine des délocalisations et de désertifications industrielles et plus largement de cercle vicieux récessif, contraire au schéma précédent dans les pays d’origine
Certaines régions et certains secteurs économiques sont particulièrement touchés par la délocalisation des activités vers des pays à faible coût de main-d’œuvre. Il y a tout à la fois perte d’emplois directs. d’emplois induits perte de savoir faire, pression à la baisse des salaires (chantage au chômage).
C’est notamment le cas du secteur textile qui a perdu quelque 200 000 emplois en quinze ans ; les salariés mis au chômage, souvent peu qualifiés, ont du mal à se réinsérer sur le marché du travail. Par ailleurs, la fermeture d’une entreprise entraîne plus de suppressions d’emplois que n’en comptait son personnel ; il y a la suppression en chaîne d’emplois induits (au niveau des sous-traitants, commerces, etc…) et des régions entières sont ainsi parfois touchées ; c’est particulièrement le cas dans le Nord de la France qui a connu une véritable désindustrialisation.
La crainte des fermetures d’entreprises et de pression à la baisse des salaires est d’autant plus présente que les délocalisations touchent aujourd’ hui aussi le secteur tertiaire et des emplois qualifiés.
Cependant, le pays d’origine peut aussi percevoir des retombées économiques positives de l’IDE. La délocalisation peut aider à réaliser des gains de productivité, améliorer les compétences, diminuer le risque de change… des entreprises concernées. augmente La compétitivité suite à la baisse de l’économie des prix…peut s’en trouvé améliorée (exemple de l’Allemagne), le pouvoir d’achat augmente suite à la baisse des prix…
La délocalisation réoriente l’activité économique du pays d’origine vers les activités qui exploitent le mieux les avantages comparatifs, ce qui lui permet de renforcer sa spécialisation dans les échanges internationaux.
Les politiques des Etats face aux firmes multinationales
L’amélioration de l’environnement local
Compte tenu des motivations des FMN de chercher à profiter d’un environnement porteur, les différents gouvernements mettent en place des politiques volontaristes pour améliorer la qualité des infrastructures, le niveau de formation de la main-d’œuvre, créer des pôles de compétitivité, investir dans la recherche et développement, etc.
L’allègement des coûts et la déréglementation
Les gouvernements mettent également en place de nombreuses mesures en vue d’alléger les coûts des entreprises. Ces mesures passent par le versement de subventions à l’investissement, l’octroi d’avantages fiscaux, la baisse des charges salariales, l’allégement du droit du travail.
L’Irlande a par exemple abaissé son taux d’impôt sur les bénéfices à 12,5 % en vue d’attirer les capitaux étrangers ; en France, on peut penser au PACTE DE COMPETITIVITE dont un des volets est le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi).
Mais existe alors un risque de dumping fiscal et social.
La compétition entre les territoires peut amener les gouvernements à réduire excessivement les impôts et charges des entreprises, au détriment des recettes du budget de l’État et de la protection des salariés. On parle alors de dumping fiscal et/ou social. Si chaque nation s’oriente vers le moins disant fiscal et social, cela peut devenir très dangereux.