Les finalités de l’entreprise

Déterminer la finalité de l’entreprise c’est répondre à la question « Pourquoi notre entreprise existe-t-elle » ? La finalité de l’entreprise est sa raison d’être. (et dépend de son management) 

Si la finalité financière est commune à cette forme d’organisation, chaque entreprise aura, par ailleurs, des finalités propres influencées par les valeurs personnelles de ses dirigeants et associés, les statuts et l’histoire de l’entreprise, les attentes du personnel et les contraintes de l’environnement. En outre, en cohérence avec ses finalités, l’entreprise peut vouloir assumer une responsabilité sociétale (RSE). 

Les différentes finalités que l’entreprise peut poursuivre 

ElIe peut poursuivre une finalité financière, économique, sociale ou sociétale (ou plusieurs d’entre elles). 

La finalité FINANCIÈRE pour maximiser le profit (finalité lucrative) 

Si dégager des profits apparaît comme indispensable à la pérennisation de l’entreprise, pour certaines c’est leur unique finalité. Ce profit va servir à  (il sera réinvesti et permettra à l’entreprise de se développer) et il sera distribué à l’actionnaire sous forme de dividendes.

De nombreuses SA versent de gros dividendes leurs actionnaires/ car ces derniers réclament une rémunération importante, de l’ordre de 10 à 15% pour investir dans l’entreprise (l’achat d’une action de 100€ rapporte 10 à 15€ par an de dividendes). 

Les dirigeants doivent cependant être vigilants, car la recherche du profit à tout prix peut s’avérer dangereuse pour l’entreprise si cela s’effectue au mépris de la qualité, de la formation des salariés, … 

La finalité ECONOMIQUE 

La finalité d’une entreprise ne se limite pas à la recherche du profit (finalité financière), même si c’est important. Elle peut revêtir plusieurs aspects : 

 La satisfaction du client : DRUCKER (fiche auteur : Drucker)

Pour lui, la recherche du profit n’est pas une fin en soi. Ce n’est qu’un moyen. Le profit est « un effet de l’excellence du management ». La finalité de l’entreprise doit être  le client achète toujours une utilité. Pour ce spécialiste du management, la finalité d’une entreprise est de créer, maintenir, et développer une clientèle grâce à 2 activités créatrices de valeur : la R&D et le marketing. L’entreprise crée de la richesse et de la valeur, en innovant, en assurant des services de qualité. 

Les biens et services fournis à ses clients permettent à l’ entreprise de se développer assurant ainsi sa croissance et sa pérennité. 

Cette création de richesse est bénéfique à l’ensemble de l’économie.

La finalité sociale

L’entreprise qui poursuit une finalité sociale, cherche avant tout à satisfaire ses salariés. Elle aura à cœur de créer des emplois ou de les maintenir, de former sa main d’oeuvre, de mener une politique salariales attractives, de faire participer les salariés aux processus décisionnels…

DRUCKER prônait des valeurs sociales comme l’épanouissement personnel, la solidarité…

La finalité sociétale 

Ex de finalités sociétales : privilégier la création d’emplois plutôt que l’investissement de productivité, financer des œuvres collectives, respecter l’écologie… 

Une entreprise qui poursuit une finalité sociétale est une «entreprise citoyenne» au service de l’intérêt général. Elle cherche à satisfaire de nombreuses parties prenantes. Elle a un comportement éthique.

La finalité sociétale recouvre plusieurs aspects :

  • respect de l’environnement (dimension écologique ou environnementale) 

L’entreprise cherche à limiter son impact négatif sur l’environnement écologique. Elle cherche à le préserver, à ne pas gaspiller les ressources naturelles, etc.

  •  respect des salariés (dimension sociale) 

Elle veut créer les conditions propices à leur épanouissement, finance leur formation (bien au-delà des minimums légaux). Elle participe à la formation des jeunes, à la lutte contre les discriminations, . . . 

  • respect des consommateurs et des fournisseurs (dimension économique) 

Elle pense à garantir la qualité et la sécurité des produits aux consommateurs, ne cherche pas à étrangler ses fournisseurs mais prône le commerce équitable .. . Elle respecte des principes et des valeurs : loyauté… 

La Responsabilité Sociale (ou Sociétale) de l’Entreprise (RSE)

Une entreprise qui poursuit une finalité sociétale assume nécessairement une responsabilité sociétale (RSE). L’UE la définit comme « l’intégration volontaire par l’entreprise de préoccupations sociales et environnementales à son activité commerciale et à ses relations avec ses parties prenantes » (institutions, fournisseurs, clients, salariés, actionnaires, etc.). Il s’agit donc pour l’entreprise de décliner les principes du Développement Durable (satisfaire les besoins présents tout en permettant aux générations futures de satisfaire les leurs) à son échelle, en prenant en compte les effets qu’elle exerce sur la société.

Description de pratiques responsables : 

L’entreprise s’attache à mettre en œuvre des actions visant à protéger l’environnement et à satisfaire toutes les parties prenantes qui interviennent dans son fonctionnement. Ainsi : 

  • au plan social : aller au-delà du droit du travail, par ex. promouvoir la diversité, l’égalité homme/femme… 
  • au plan économique (et éthique) : clarifier les relations avec les sous-traitants (leur interdire le travail des enfants, pratiquer le commerce équitable…) ; assurer la sécurité du consommateur, en faire un « consomm’acteur » responsable.
  • au plan écologique : réduire l’impact de ses activités sur l’environnement (réduire les émissions de C02), rendre les produits plus écologiques.
  • au plan financier : privilégier les Investissements Socialement Responsables (les ISR). Un ISR prend en compte des critères dits « extra-financiers » c’est-à-dire Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) en plus de critères financiers classiques.
  • et en général multiplier ses engagements citoyens : volonté de transparence, politique de mécénat, création de chartes éthiques, etc. 

La RSE est-elle un frein ou un atout dans la lutte concurrentielle ? 

La mise en Œuvre d’une RSE est bénéfique pour l’entreprise: 

La RSE améliore l’image et la notoriété. On peut évoquer ici les écolabels, des normes (Max Havelaard et le commerce équitable ; Monoprix et son rayon de vêtements bio et équitables). La RSE devient support de communication. Elle crée un avantage concurrentiel. 

Elle est source de motivation pour le personnel. Les chartes, les codes de bonne conduite peuvent fédérer autour de valeurs communes et pointer les dysfonctionnements répréhensibles. Ex. Gap, Wall-Mart, Carrefour qui ne traitent qu’avec des entreprises respectant les droits humains fondamentaux (salaire minimum, durée du travail, liberté d’association, non discrimination, interdiction du travail forcé…).  L’instauration d’un climat social favorable aux salariés aura pour effet de rendre le travail plus motivant donc plus efficace. 

Elle peut donner confiance à certains investisseurs qui recherchent des placements éthiques : si l’entreprise démontre qu’elle satisfait à des critères de performance extra-financiers, il lui est plus aisé de trouver des capitaux. 

Mais cela n’est pas sans risques : la RSE peut générer des surcoûts préjudiciables à la rentabilité des firmes.

L’engagement en matière sociétale représente un coût pour l’entreprise qui peut réduire sa rentabilité et la mettre en danger (baisse de la compétitivité / prix). Les entreprises chinoises sont parmi les plus grandes pollueuses du monde et peu respectueuses des droits de leur main d’œuvre. Nos entreprises européennes subissent donc des surcoûts par rapport à ces firmes et pointent une forme de « concurrence déloyale ».

 Le caractère contingent de la finalité de l’entreprise

Dire que la finalité d’une entreprise est contingente signifie dire qu’elle dépend de différents paramètres qui sont des contraintes pour elle (autrement dit, elle est influencée et contrainte par un certain nombre de paramètres). 

Les facteurs de contingence de la finalité

Pour Peter DRUCKER, la finalité dépend de plusieurs facteurs : 

  • le statut de l’entreprise (public ou privé, société commerciale ou coopérative…) 

Les entreprises de l’économie sociale (Greenpeace, Crédit Coopératif), et les entreprises privées à but lucratif n’ont a priori pas la même vocation et donc pas la même finalité. Les entreprises publiques, même si elles sont tenues à l’équilibre de leurs comptes, n’ont pas pour finalité première le profit, mais la production de services publics. De même, les entreprises coopératives ont pour principale finalité de servir au mieux leurs membres. 

  • les valeurs des propriétaires (actionnaires)de l’entreprise

Dans une entreprise privée à but lucratif, les aspirations des entrepreneurs peuvent ne pas se limiter pas à la recherche du profit maximal (cf. Patagonia, Alter éco, Nature et Découvertes…). 

NB : Dans certains cas, dans les grandes entreprises, il y peut y avoir divergence de vue quant aux dimensions que doit recouvrir la finalité de l’entreprise, entre les propriétaires d’une part, et les dirigeants d’autre part (voir le chapitre sur les problèmes de gouvernance) ; certains dirigeants essaient d’être plus soucieux de leur salariés, ou de leurs clients ; au prix parfois de conflits avec leurs actionnaires. 

  • les pressions externes (de l’environnement) 

–> L’existence de normes de qualité (ex : ISO 9001), de protection de l’environnement (ex : ISO 14001…), de sécurité au travail, de l’éco conception (ex : ISO/TR 14062), de la loi (NRE…) impose à beaucoup d’entreprises une finalité sociétale. Sans compter la pression des clients (entreprises clientes, collectivités locales, consommateurs…), ou du milieu associatif et syndical (de défense de l’environnement, syndicats de salariés, défense des droits de l’homme )

–> les facteurs culturels : Culture du pays d’origine, culture de l’entreprise (ses valeurs, son histoire). 

Les finalités des entreprises chinoises ne seront pas forcément les mêmes que celles des entreprises françaises ; les finalités de Danone peuvent être différentes de celle de Nestlé. 

Suite aux travaux de Peter Drucker on admet donc que la finalité d’une entreprise est contingente, elle est influencée par de nombreux facteurs (les valeurs personnelles et les aspirations des dirigeants et des associés, les statuts et l’histoire de l’entreprise, les attentes du personnel, les contraintes imposées par l’environnement…).

Ainsi l’entreprise a une finalité qui ne peut se réduire à la maximisation du profit. Elle reflète les aspirations de la communauté humaine qui constitue l’entreprise et se décline également en termes de biens et services offerts à la clientèle. La mise en œuvre de cette finalité pose la question de la responsabilité de l’entreprise en matière éthique, sociale et environnementale. Les entreprises reconnaissent leur responsabilité sociétale en mettant œuvre différentes actions ou dispositifs. 

les finalités de l'entreprise et le management stratégique et opérationnel

 

Management stratégique et opérationnel: deux approches interdépendantes

Pour pérenniser l’entreprise, il faut concrétiser les finalités en définissant des objectifs accessibles, par exemple conquérir 20 % de parts de marché, réaliser 500 000 € de chiffre d’affaires, etc. Ces objectifs seront déclinés en actions destinées à les atteindre.

NB : La mise en œuvre de la RSE suppose la définition d’objectifs financiers, économiques, sociaux, environnementaux. .. 

Cette démarche est au cœur du management. Selon DRUCKER, « Le management vise à transformer les compétences individuelles en compétences collectives pour les rendre efficaces et dégager ainsi des performances propres à l’entreprise ». 

Nous avons vu dans le chapitre sure les logiques managériales et entrepreneuriales que manager consiste à : 

  •  Définir et mettre en œuvre une stratégie (fixer des objectifs et choisir les moyens pour les atteindre)
  • Organiser les moyens, coordonner les actions individuelles. Mobiliser les salariés autour des objectifs (les motiver, les former) pour les atteindre. 
  • Piloter l’entreprise: évaluer la performance (contrôler) et réaliser les actions correctrices si nécessaire). 

Le management concerne 2 niveaux : le niveau stratégique et le niveau opérationnel. En quoi consiste chacun d’eux ? En quoi ces 2 formes de management sont-elles interdépendantes ?

Le management stratégique

Il consiste à définir les grandes orientations de l’entreprise sur le moyen et long terme (3 à 5 ans). Il est du ressort de la direction générale de l’entreprise qui fixe les objectifs stratégiques et les options stratégiques en prenant en compte les ressources de l’entreprise (ses forces et faiblesses) et les opportunités et menaces de l’environnement. 

Les décisions prises sont des décisions stratégiques car elles concernent toute l’entreprise et l’engagent pour de nombreuses années. Elles sont peu réversibles.

Le management opérationnel 

Il consiste à mettre en œuvre les orientations stratégiques définies par le management stratégique. Il s’agit d’optimiser les ressources disponibles (budget, temps, …) et de coordonner l’action des différents membres de l’organisation afin d’atteindre les objectifs fixés. Les principaux acteurs sont les responsables fonctionnels: (DRH, Directeur de la production…) et l’encadrement intermédiaire (chefs de service, d’ateliers…).

Les décisions prises sont des décisions opérationnelles car elles ne concernent qu’une partie de l’entreprise, et l’engagent à relativement court terme. Elles sont facilement réversibles.

Le management stratégique et le management opérationnel sont interdépendants 

Les deux dimensions du management sont par nature complémentaires :

  • Le management opérationnel s’inscrit dans un cadre d’action défini par le management stratégique. Les décisions opérationnelles doivent tenir compte des opportunités et des contraintes de l’environnement de l’entreprise, des objectifs définis par la DG et les grands axes stratégiques. Par ex., le choix d’externaliser les ateliers de fabrication en Chine va impacter le management opérationnel puisque cela va induire la réorganisation de la production, éventuellement des licenciements, etc. 
  • Inversement, le management opérationnel peut avoir une influence sur le management stratégique et la DG doit tenir compte des remontées d’information des opérationnels sur le terrain (difficultés pour tenir les délais, avis des clients, résultats chiffrés, …).

Distincts mais indissociables, les managements stratégique et opérationnel requièrent tout autant de savoir-faire. Cependant, ils ne font pas forcément appel aux mêmes qualités chez les individus, tout comme la mise en œuvre des logiques entrepreneuriale ou managériale. 

A retenir :

Quelle que soit la forme de l’entreprise, le management consiste à : 

  • Fixer des objectifs et choisir les voies pour les atteindre 
  • Coordonner les initiatives individuelles et orienter l’action collective vers la réalisation des objectifs fixés mobilisant les membres de l’organisation autour d’objectifs communs  
  • S’assurer de la pertinence des moyens employés et évaluer les résultats obtenus. 

Le management se décline selon l’horizon temporel. A court terme, la dimension opérationnelle s’avère prégnante. Les managers effectuent des choix organisationnels contraints par le coût des ressources. A plus long terme, certains peuvent imposer leur vision du devenir de l’entreprise.